Antigone face à Créon




Sophocle, poète tragique grec, Colone (496-406). Des 123 drames qu’il composa, il reste 7 pièces : Ajax, Antigone, Œdipe roi, les Trachiniennes,Philoctète   et Œdipe à Colone. L’action est chez lui psychologique : elle est menée à son terme par la volonté et les passions du héros.

On ne peut parler ici de contre-pouvoir et de recherche   de la paix, sans évoquer SOPHOCLE, l’un des auteurs grecs les plus célèbres et ses héros tragiques tels qu’ Ajax et OEdipe, Electre et Philoctète, mais surtout la figure d’Antigone.
Sophocle, animé par une conception particulière de la grandeur de l’homme face à la souffrance qu’il domine, propose une représentation de héros qui se dressent contre l’iniquité ou la violence, d’où qu’elles viennent, des dieux ou des hommes ; pour lui, en effet, nous dit P. Mazon traducteur de la tragédie d’Antigone, dans la collection Budé : « la révolte est criminelle, lorsqu’elle est la fille de la démesure ; elle est légitime et simple, lorsqu’elle représente le sursaut spontané d’une conscience humaine qui s’assure dans sa foi au Droit ».
Pour avoir enseveli son frère Polynice et enfreint ainsi les ordres du roi Créon, Antigone est condamnée à mort.
On rapporte ici, dans deux pages de texte en grec et de leur traduction, d’une part la cause et l’exposé de cette dramaturgie, et comment Antigone, « se campe » dans sa posture de femme révoltée, contre le pouvoir, par rapport à sa sœur Ismène, plus conciliatrice avec l’autorité (vers 11 à 46), et d’autre part l’altercation entre Antigone et Créon, lorsqu’elle prend pleinement conscience de la réalité du sort qui l’attend.


Antigone et Ismène (vers 21 à 46)





Antigone et Créon (vers 499 à 523)





Antigone. « Tu me tiens dans tes mains : veux-tu plus que ma mort ? »
Créon.  « Nullement : avec elle, j’ai tout ce que je veux. »
Antigone. « Alors pourquoi tarder ? Pas un mot de toi qui me plaise, et j’espère qu’aucun ne me plaira jamais. Et, de même, ceux dont j’use sont-ils parfaits pour te déplaire ? Pouvais-je cependant gagner plus noble gloire que celle d’avoir mis mon frère au tombeau ? et c’est bien, ce à quoi tous ceux que tu vois là applaudiraient aussi si la peur ne devait leur fermer la bouche. Mais c’est - entre beaucoup d’autres – l’avantage de la tyranie qu’elle a le droit de dire et faire absolument ce qu’elle veut. »
Créon. « Toi seule pense ainsi parmi ces Cadméens ».
Antigone. « Ils pensent comme moi mais ils tiennent leur langue »
Créon. « Et toi, tu n’as pas honte de te distinguer d’eux ? »
Antigone. « Je ne vois pas de honte a honorer un frère » (…)
Créon. « L’ennemi même mort n’est jamais un ami »
Antigone. « Je suis de ceux qui aiment non de ceux qui haÏssent ».



Dans la mythologie grecque, l’héroïne Antigone a toujours symbolisé la défense des lois « non écrites » du devoir moral, familial ou religieux contre la fausse justice de la raison d’Etat.
Au Vème siècle et depuis, de nombreux auteurs ont repris ce symbole d’une grande force dramatique.
Plus récemment JEAN ANOUILH a réaffirmé en 1944 la nécessité de la résistance individuelle. Antigone continue chez lui, à incarner l’innocence et le refus : « je suis là pour vous dire non et pour mourir ».

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