On ne peut parler ici de contre-pouvoir et de recherche de la paix, sans évoquer SOPHOCLE,
l’un des auteurs grecs les plus célèbres et ses héros tragiques tels qu’ Ajax
et OEdipe, Electre et Philoctète, mais surtout la figure d’Antigone.
Sophocle, animé par une conception particulière de la
grandeur de l’homme face à la souffrance qu’il domine, propose une
représentation de héros qui se dressent contre l’iniquité ou la violence, d’où
qu’elles viennent, des dieux ou des hommes ; pour lui, en effet, nous dit
P. Mazon traducteur de la tragédie d’Antigone, dans la collection
Budé : « la révolte est criminelle, lorsqu’elle est la fille de
la démesure ; elle est légitime et simple, lorsqu’elle représente le sursaut spontané d’une conscience humaine qui s’assure dans sa foi au
Droit ».
Pour avoir enseveli son frère Polynice et enfreint ainsi les
ordres du roi Créon, Antigone est condamnée à mort.
On rapporte ici, dans deux pages de texte en grec et de leur
traduction, d’une part la cause et l’exposé de cette dramaturgie, et comment
Antigone, « se campe » dans sa posture de femme révoltée, contre le
pouvoir, par rapport à sa sœur Ismène, plus conciliatrice avec l’autorité (vers
11 à 46), et d’autre part l’altercation entre Antigone et Créon, lorsqu’elle
prend pleinement conscience de la réalité du sort qui l’attend.
Antigone et Ismène (vers
21 à 46)
Antigone et Créon (vers
499 à 523)
Antigone. « Tu me tiens dans tes mains : veux-tu plus que ma
mort ? »
Créon. « Nullement :
avec elle, j’ai tout ce que je veux. »
Antigone. « Alors pourquoi tarder ? Pas un mot de toi qui me plaise,
et j’espère qu’aucun ne me plaira jamais. Et, de même, ceux dont j’use sont-ils
parfaits pour te déplaire ? Pouvais-je cependant gagner plus noble gloire
que celle d’avoir mis mon frère au tombeau ? et c’est bien, ce à quoi tous
ceux que tu vois là applaudiraient aussi si la peur ne devait leur fermer la
bouche. Mais c’est - entre beaucoup d’autres – l’avantage de la tyranie qu’elle
a le droit de dire et faire absolument ce qu’elle veut. »
Créon. « Toi seule
pense ainsi parmi ces Cadméens ».
Antigone. « Ils pensent comme moi mais ils tiennent leur
langue »
Créon. « Et toi, tu n’as pas honte de te distinguer
d’eux ? »
Antigone. « Je ne vois pas de honte a honorer un frère » (…)
Créon. « L’ennemi même mort n’est jamais un ami »
Antigone. « Je suis de ceux qui aiment non de ceux qui
haÏssent ».
Dans la mythologie grecque, l’héroïne Antigone a toujours
symbolisé la défense des lois « non écrites » du devoir moral,
familial ou religieux contre la fausse justice de la raison d’Etat.
Au Vème siècle et depuis, de nombreux auteurs ont
repris ce symbole d’une grande force dramatique.
Plus
récemment JEAN ANOUILH a réaffirmé en 1944 la nécessité de la résistance
individuelle. Antigone continue chez lui, à incarner l’innocence et le
refus : « je suis là pour vous dire non et pour mourir ».
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